Les dernières années de Karl Marx – Une biographie intellectuelle 1881-1883

Marcello Musto, 2016. PUF, 2023.

https://www.puf.com/content/Les_derni%C3%A8res_ann%C3%A9es_de_Karl_Marx

Est-il possible, sommes-nous capables, suis-je capable de lire le Manifeste, le Capital, ou encore une lettre de Marx à Engels 2881 comme ont pu le lire des lecteurs contemporains ? Et puis quel lecteur, dans sa singularité ? Double impossibilité : lire avec la culture politique et philosophique de l’époque, celle d’un quidam qui se retrouve avec un texte d’un jeune (puis vieux) Allemand plus ou moins philosophe, économiste, politique ; lire sans la représentation (au sens ce cognitif) du Marx des marxistes en tout genre. Ou bien double épreuve, salutaire ?

Ça interroge la position de Marx lui-même : à quoi bon tant de textes, privés ou publics, théoriques ou militants, si « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » ? cf. Rancière. Et qu’est-ce que on/je attends en lisant Marx ou un épigone/historien un siècle plus tard ?

Ce qu’on raconte et ce qu’on ne raconte pas dans une biographie (faute de sources, peut-être, mais ce pourrait tout de même être mentionné) : certes, il est hôte enjoué des relations de passage, grand-père attentionné de ses petits-enfants ; mais qui passe le balai à la maison, qui fait les courses et se soucie des repas, qui s’occupe du linge ? Il est touchant de prendre la mesure d’un homme passionné par les idées, assoiffé de connaissances, débatteur enjoué de toutes les questions de son temps. Mais il me donne aussi l’impression d’un type envahissant, débordant d’énergie, un peu insupportable… Façon Lénine ?

Page 95. Rédaction d’une enquête ouvrière en 1880, distribuée à 25 000 exemplaires en France : révélateur d’une certaine conception du travail, finalement très contemporaine…

« Travail intellectuel » autour du « Capital » (quel titre !) : Névrotique ? Pourquoi aucun biographe ne se demande s’il n’y avait pas mieux à faire ?

Page 193 : curieuse passion de Marx pour les mathématiques (même en passe-temps), en tant que langage scientifique par excellence (témoignage de Lafargue).

Karl Marx, penseur de l’écologie

Henri Peña-Ruiz, Seuil, 2018.

https://www.seuil.com/ouvrage/karl-marx-penseur-de-l-ecologie-henri-pena-ruiz/9782021135800

Page 152. « Le but constant et la tendance de tout perfectionnement dans le mécanisme sont de se passer entièrement du travail de l’homme ou d’en diminuer le prix. » (Marx, « discours sur le libre-échange » dans Misère de la philosophie).

Page 153. « Le progrès technique peut se faire régression écologique et humaine du fait de son appropriation capitaliste » (HPR)… Et donc non en soi. « Le moyen le plus puissant pour raccourcir le temps de travail » : c’est bien un but en soi.

Page 154. Il limite l’écologie à la « préservation de la nature » sans réfléchir du tout à quelque chose comme des « forces productives durables », une interaction « homme/nature » (pour parler comme Marx lui-même) qui ne soit pas délétère.

Page 158. Il y vient tout de même, mais à propos de l’agriculture (et alors sans suite). Comparaison entre la fertilité du sol et le travail humain : discutable ? Épuiser une terre n’est pas épuiser un homme (abus de métaphore ?).

Page 208. « Revoir l’opposition ville/campagne » : d’un coup, on sort du mouvement dialectique nécessaire, pour envisager ou revendiquer « des mesures tendant à faire graduellement disparaitre la distinction ville/campagne ». Prises par qui ? Portées par quelle force sociale ? Dans quel contexte de développement des forces productives ? Des impensés majeurs !

Page 240. Apologie de la maitrise (Descartes).

La faiblesse de l’élaboration conceptuelle (travail, nécessité vs liberté, progrès, État, etc.) compensée par une certaine faconde tarte à la crème, dans l’air du temps, dans une facilité séductrice plus qu’une exigence intellectuelle. Nettement moins précis et pertinent que Audier ou Gillibert.

https://reporterre.net/Marx-etait-ecolo-Enfin-un-peu
https://reporterre.net/Marx-etait-ecolo-Enfin-un-peu

https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2012-2-page-121.htm

Marx et l’anarchisme

Pierre Ansart. PUF, 1969.

Très daté : des controverses internes à un champ, le « mouvement ouvrier », les militants « révolutionnaires ». De quoi mesurer à quel point ce n’est plus le mien. Mais où suis-je à présent ?

https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/11/15/les-precurseurs-de-marx_2440813_1819218.html