Roger Daviau, éditions Repas, 2023.
https://www.editionsrepas.fr/catalogue/la-democratie-au-travail
Lectures en tout genre
Roger Daviau, éditions Repas, 2023.
https://www.editionsrepas.fr/catalogue/la-democratie-au-travail
Michel Lulek, éditions Repas, 2009.
https://editionsrepas.fr/catalogue/scions-travaillait-autrement
Ce qui fonctionne :
Ce qui pourrait être mieux :
Élisabeth Bost, éditions Repas, 2016.
Très détaillé sur les acrobaties juridiques à opérer pour monter un cadre d’emploi innovant, un type d’entreprise pas comme les autres. Du bricolage, mais au bon sens du terme : de la créativité, de la souplesse, du jeu avec les règles et les usages, quitte à défriser l’administration gardienne des règles et les syndicats pointilleux sur le « droit du travail ».
Très bon texte de Stéphane Veyer sur la loi Hamon de 2014 : soutien ou carcan ?
Nina Ferrer-Gleize, GwinZegal, 2023.
https://gwinzegal.com/editions/l-agriculture-comme-ecriture
https://gwinzegal.com/expositions/l-agriculture-comme-ecriture-de-nina-ferrer-gleize
D’emblée, un bel ouvrage, qui impressionne : quel travail de graphiste, d’imprimeur ! On imagine les heures de discussions pour étudier les choix de maquette, de typographie, de papier, de coloris. Comment équilibrer parti pris esthétique (évoquer la terre par des teintes brunes, des polices grasses, un texte ferré à droite comme une trace irrégulière en bord de page extérieure), standards éditoriaux (trop urbains ?) et confort de lecture ? C’est un défi pour un livre qui veut explorer et exposer des traces du travail agricole, dans toute leur diversité : les représentations relevant du champ artistique, pas si nombreuses dans le monde paysan qui n’a guère inspiré les artistes des villes ; mais aussi, plus original, ce qui rend visibles les activités agricoles dans l’environnement de la ferme, dans le paysage ; et encore, de façon plus abstraite, mais essentielle pour une activité fortement inscrite dans le temps qui passe, des marques temporelles (comment dire ? Des chronogrammes ?).
Tout comme l’emploi du temps d’un éleveur laitier est un agencement complexe de tâches de natures très différentes, le livre est un montage soigné des différents textes et éléments iconographiques. On peut y lire des articles relevant d’une approche savante, restitution du travail de recherche de l’auteure dans le cadre d’une thèse menée à l’école nationale supérieure de photographie d’Arles. Comment comprendre le succès considérable d’un tableau comme Les Glaneuses de Millet, largement reproduit dans les fermes françaises, à commencer par celle de l’oncle de l’auteure ? Quelle trajectoire entre campagne et littérature pour des auteurs paysans, ou paysans auteurs comme Émile Guillaumin, Pierre Rivière, voire George Sand ? Que nous disent les photographies de Félix Arnaudin, entre esthétisme et ethnologie ? On y trouvera le journal de terrain de l’étudiante thésarde, sollicitant la châtelaine du coin pour exhumer de ses archives un contrat de fermage difficilement signé par un paysan ancêtre de l’auteure, interrogeant son oncle sur son refus obstiné de signer un contrat léonin avec la multinationale agroalimentaire qui lui achète son lait. Et, en cahiers insérés, le récit des séjours estivaux à la ferme familiale, avec de nombreuses photographies : les archives familiales, mais aussi des empreintes de roues de tracteur, des plis des bâches, des tuyaux d’arrosage, des bouts de ficelle, des entailles sur les murs. Et puis, dès la couverture, tout au long du livre, des relevés de déplacement de l’éleveur au fil de ces journées, condensés graphiques de son travail, gribouillis fascinants.
Le renversement est stimulant, pour nous qui aspirons à « dire le travail » : là, c’est le travail qui dit, c’est donc l’agriculture qui écrit. C’est l’agriculture telle qu’elle s’imprime dans le paysage, et alors dans ce livre.
Jean-Marc Daniel, Tallandier, 2023
https://www.tallandier.com/livre/histoire-de-leconomie-mondiale-2/
Comment est-ce que j’ai pu me faire avoir à emprunter puis transporter un livre aussi prétentieux que creux ? Comment peut-on se sentir légitime à balancer autant de considérations d’opinion sans aucune rigueur d’argumentation ? Il faut tout de même mesurer le succès de ce type de discours.
https://www.melchior.fr/note-de-lecture/histoire-de-l-economie-mondiale
Aliénor Bertrand, Cahiers philosophiques, 2018
https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2018-1-page-9.htm
« Resémentisation » par les physiocrates du terme « blés » : quand les paysans désignent ainsi non seulement tout un éventail de plantes céréalières ou de légumineuses cultivées en saisonnalité, avec un travail spécifique des terres, mais aussi ces terres à « bleds » elles-mêmes, l’activité d’entretien minutieux qu’elles nécessitent, les physiocrates le réduisent au froment, pour en faire un indicateur de production agricole (calcul de rendements, à partir de la mesure des intrants), et même un équivalent général sur les marchés agricoles. Ce n’est pas une « épistémé » (Foucault) ou un mode de production qui se substitue à un autre, ce sont deux configurations du rapport au vivant, au travail et au végétal qui cohabitent, s’opposent, dans les représentations comme dans les pratiques. L’enjeu est la production (les cultures « vivrières » sont bien plus sécures pour les paysans que la production pour le marché), mais aussi le rapport au travail vivant, au travail en général. Le dénigrement du travail paysan est impressionnant, par exemple chez les encyclopédistes, ou les botanistes qui se posent en rivaux dans la connaissance du végétal.
Mathieu Quet, Zones, 2022.
Chercher la clé sous le réverbère ? Dans un monde bascule, à la fois pétri de certitude, immensément arrogant, il est sans doute compréhensible, tentant de réduire la complexité à une thématique qui serait matrice de tout le reste, d’entrer dans une explication du monde par un facteur décisif. Marx a lancé cette approche : l’histoire de l’humanité se ramène fondamentalement à la lutte des classes. Pour d’autres, ce sera la technique, le confort, le management, ou, ici, la logistique.
Comme souvent (le nucléaire, l’État, le management), les pratiques militaires (les deux guerres mondiales) sont des périodes décisives de mise en place et de généralisation de pratiques de contrôle du travail.
La conclusion décevante, en tout cas modeste : des actes plus ou moins souterrains de résistance aux flux, à la circulation niant l’espace. L’itinéraire plutôt que les déplacements, pour les humains comme pour les choses.