L’Europe dans sa première croissance – De Charlemagne à l’an Mil

Pierre Toubert. Fayard, 2004.

Photocopies

Page 92 : « Des besoins nouveaux, et donc de nouvelles exigences se sont alors faites jour dans le monde seigneurial, que la paysannerie dépendante a été en état de satisfaire grâce à sa participation au plus bas niveau de l’économie d’échange. » Formidable enchainement d’euphémisme pour décrire l’exploitation du travail !

Tout le livre est un très bel exemple d’histoire prétention objective (c’est bien ce qui s’est déroulé) par ce qu’elle décrit le monde du point de vue des dominants (un monde en croissance, « en rationalisation », c’est-à-dire, dit autrement, engagé dans un développement tiré par le parasitisme de l’élite seigneuriale, qui parvient à contrôler à son service à la fois le travail paysan [les manses] et le milieu naturel [les essartages]).

Page 93 : « la construction des moulins de brasserie a connu dès le XIXe siècle un démarrage contemporain d’une rationalisation des structures domaniales. »

Page 94 : du rôle social des moulins dans l’organisation du travail, et alors la coopération/exploitation sociale.

Page 97 : « Le mouvement général de diffusion de la Mansus-Ordnung en Occident à partir du IXe siècle marque une étape décisive de maturation du régime domaniale. Il traduit, certes, un effort d’encadrement et de contrôle social plus strict (là, l’auteur réprouve) de la paysannerie par la classe seigneuriale. Mais cet effort ne doit pas nous dissimuler un souci parallèle d’optimisation économique de la rentabilité globale du grand domaine. » (Ça, c’est bien)

Page 108. « Au-delà d’une prétendue “loi de fonctionnement du régime domanial” cher à W. Sombart, en vertu de laquelle la production de la curtis n’aurait été ordonnée qu’aux fins de couverture de ses besoins propres, le grand domaine a assumé, pour la production artisanale domestique comme pour la production agricole, une fonction générale de concentration des surplus dégagés par le travail diversifié de dépendants paysans de plus en plus nombreux à œuvrer dans le cadre de la petite exploitation héréditaire. » Avec une limite tout de même : ses terrains d’observation sont quand même limités et peut-être spécifiques (vallée de la Meuse, Bassin parisien, Italie du Nord).

Un livre érudit, d’experts à expert, mais qui s’assume comme tel, de façon remarquablement bien tenue.

Forcément un effet déformant (ici, conscient et maitrisé) des sources écrites : ce sont celles des monastères, avant tout !

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