Anne Steiner. L’échappée, 2020.
Trois mots-clés :
anarchistes, parce qu’à la recherche d’une subversion du mode de vie étatique, sinon de l’État lui-même : comment s’y dérober, s’y opposer ?
Individualistes : terme curieux pour des personnes décrites comme aspirant à des vies communautaires, passant beaucoup de temps en réunion et polémiques, en conférences et manifestations, en publications en tout genre. Individualistes dans le sens où ils sont soucieux de mettre en pratique pour eux-mêmes leurs convictions, de mener des existences en cohérence avec leur conception du monde : de la sobriété au végétarisme, en passant par l’amour libre.
Illégalistes : pas tant illégaux que contre la loi, par principe, contre la propriété, et alors faux-monnayeurs, voleurs pour certains. Mais les polémiques sont vives, et la dérive de la bande à Bono une démarche extrême.
Tous se construisent en opposition : à une famille nocive, étouffante, à la Vallès ; à une école ne tenant pas ses promesses ou son potentiel émancipateur ; à un milieu de travail anthropophage ; à la misère humaine du milieu ouvrier (alcoolisme, servitude volontaire). Mais de façon largement positive : avec un appétit de connaissances, de culture, une envie de vivre autrement, une énergie formidable, fondamentalement optimiste (dans une époque pas si « belle », très dure aux insoumis, aux manifestants, aux jeunes envoyés dans les « bat’ d’Af’ ».
Où sont les rebelles d’aujourd’hui ? Pour quelle rébellion ? Où sont les anarchistes ?
https://www.lechappee.org/collections/dans-le-feu-de-l-action/les-en-dehors