Michel Lulek, éditions Repas, 2009.
https://editionsrepas.fr/catalogue/scions-travaillait-autrement
Ce qui fonctionne :
- une histoire collective, entremêlée d’évocations de parcours individuels ;
- une histoire cahotante, qui se fait à tâtons, au gré des rencontres, de la confrontation à mille contraintes inattendus (scier ou raboter ? Vendre en grande surface de bricolage, ou en direct ?)
Ce qui pourrait être mieux :
- Avoir de vrais personnages, et donc un récit vraiment polyphonique, ce qui serait bien le moins pour l’histoire d’une coopérative. Le narrateur abuse de l’emploi du nous, forcément suspect, même si on imagine que eux, les autres, ont relu. Michel Lulek a peut-être le même rapport compliqué que moi au rôle de fondateur, du patron. On percevrait mieux les bifurcations si le récit descendait à l’échelle des protagonistes.
- De vraie scène, au sein de l’équipe, à l’extérieur, pour montrer des rencontres, des débats, faire découvrir les lieux.
- Des épisodes, des récurrences : de quoi se familiariser, apprivoiser le décor et des personnes, assimiler les idiosyncrasies de ce collectif ; et puis jouer aussi des ruptures, des surprises, donc des tensions entre configurations convergentes et divergentes (ce qu’on croit comprendre/ce qui n’est pas ce qu’on croit).
Extrait page 131
« Comment faites-vous pour embaucher ? » nous demande-t-on parfois. Interloqués, nous écoutons ce drôle de mot que la pratique à Ambiance Bois a rendu caduc. Embaucher ? Quelle drôle d’idée… On pourrait certes embaucher un mécanicien ou un charpentier, mais ce que nous recherchons d’abord ce n’est ni un mécanicien, ni un charpentier, mais un associé, un partenaire, quelqu’un avec lequel nous pourrions construire la suite de cette histoire. S’il est mécanicien ou charpentier, ce sera mieux, mais si ce n’est pas le cas, on fera avec, pourvu que la motivation soit là.