L’archéologie du savoir

Michel Foucault, 1969. Gallimard.

Photocopies

Comme l’impression d’un écrit d’un jet, de cogitations intérieures directement retranscrites, d’un flux de pensée posé tel quel sur le papier, d’une invitation à suivre vaille que vaille dans une exploration, sans se retourner, sans s’inquiéter de son lecteur. Dans un cours ou une conférence, l’orateur prend plus ou moins en compte, plus ou moins consciemment, les réactions pour préciser tel ou tel point, prendre un exemple, passer plus vite sur tel ou tel développement. Lui peut se permettre des raisonnements au long cours, argumentés, appuyés de référence, produits de longues cogitations (en l’occurrence les questions de méthode dans la mobilisation des archives, l’élaboration des concepts, l’épistémologie de l’historiographie). C’est souvent fastidieux à lire, peut-être faudrait-il l’écouter fait recours ?

Autre réserve : c’est un texte très daté, là aussi davantage de l’ordre de la conversation en cours dans les milieux intellectuels qu’il fréquente que d’un traité intemporel. Son propos s’adresse aux érudits fouilleurs d’archives, aux rats de bibliothèque, aux lettrés : une sphère professionnelle prestigieuse, mais finalement assez étroite, et assez loin du monde des pratiques, de la vie sociale ordinaire.

Il poursuit le débat engagé lors d’un colloque de la semaine précédente, réagit à ce qu’il vient de lire, prépare son intervention dans une prochaine publication, et s’adresse alors essentiellement à ses pairs.

Comme toujours, à voir comment pratiquer la mise en abyme : lui appliquer en retour ses méthodes archéologiques, pour lire ce texte en ne se laissant pas attraper par les concepts d’oeuvre ou d’auteur, de discipline ou de genre littéraire, l’inscrire dans une pratique, un milieu, des controverses ?

Certains passages en « je » montrent explicitement le philosophe dans ses cogitations, ces questionnements, son travail inachevé. Le livre s’achève même par un dialogue avec un interlocuteur imaginaire, qui reste à convaincre.

Tout de même, une forme de logorrhée verbale, dont atteste le recours à l’énumération, à l’enchainement d’expressions pour tenter de cerner une idée qui aurait gagnée à être murie et alors soigneusement, exposé avec concision. Je lis une forme de précipitation à vouloir tout dire sans vraiment retravailler le propos. Nous voilà très loin des aphorismes Wittgenstein pourtant lui aussi un familier de la parole professorale.

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/L-archeologie-du-savoir#

https://journals.openedition.org/leportique/611

Le piéton de Paris

Léon-Paul Fargue. Gallimard, 1932, 1939.

Pas conquis : trop subjectif, et ce sont avec les lunettes pince-nez du poète, du lettré, du petit industriel à l’aise en société qu’il décrit sa ville, là où j’attendais, j’espérais une description plus journalistique, façon Joseph Kessel.

Relire « le Piéton de Paris »

https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/11/22/l-esprit-de-paris-leon-paul-fargue-de-pied-en-capitale_6060698_3260.html

Les Hommes qui me parlent

Une quatrième de couverture que fait envie, des commentaires élogieux, tout pour attirer. Et non. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Réessayer plus tard ? Trop explicite ? Ou pas assez ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Hommes_qui_me_parlent

https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/11/17/les-hommes-qui-me-parlent-d-ananda-devi_1604896_3260.html

Repousser les frontières ?

Collectif. Gallimard Folio Essais, 2014

Actes du forum philo Le Monde/Le Mans

Le chapitre le plus intéressant, de loin, est celui du géographe, parce qu’il mobilise des concepts utiles, parce qu’il a le sens du territoire. Les autres se perdent dans des métaphores plus ou moins maladroites, plus ou moins maitrisées, plus ou moins creuses.

https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070461653-repousser-les-frontieres-collectif/

https://www.babelio.com/livres/Ait-Touati-Repousser-les-frontieres/815774

La philosophie de la grammaire

Otto Jespersen. Gallimard, 1992.

Page 74. « La pomme », mais encore ? Souvenir de Bernard Alix, ou encore de Francis Ponge.

Vieilli (vieillot ?) : Une approche systématique des catégories de mots transversales aux langues (en tout cas les européennes) et alors posées (glissement à la limite) comme universelles. De la prétention simpliste des grammairiens.

Le grand écart avec Benveniste est étonnant : « la langue » est la langue écrite, et même avant tout celle des écrivains.

https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782070725557-la-philosophie-de-la-grammaire-jespersen-otto/