Pierre Darmon, Le Pommier, 2020
Panorama saisissant, effrayant même, de l’atmosphère parisienne (dans les grandes villes industrielles) au fil du développement industriel du XIXe siècle : bien avant la voiture, les poussières de charbon et les rejets en tout genre des industries chimiques empuantissent l’air ambiant, noircissent les façades et la végétation, et chacun d’expectorer et de cracher à tout-va les poussières qu’il respire. Dieu que ça pue. Plus on produit, plus on consomme, plus on rejette de déchets en tout genre, de tout volume.
De telles descriptions complètent les images qu’on peut avoir par la peinture ou le cinéma : il fait sentir l’air moite que le quidam respire, les effluves, les remugles, les odeurs, les poussières. Il aide à imaginer sensoriellement l’intérieur d’une église, d’un théâtre, d’un grand magasin avant l’ère de la toilette quotidienne, des lave-linges, des VMC, des aspirateurs.
Le livre prend les choses dans le bon ordre : c’est parce que cette explosion de la pollution constitue un terreau extraordinaire pour les bactéries et microbes en tout genre que la médecine et l’hygiénisme en générale prospèrent à leur tour. Par contre, il reste très factuel, et la thèse principale (ouf, la médecine fait des progrès) seulement implicite. Il y aurait de quoi interroger les évolutions de fond, et réfléchir à une médecine plus écologique, au-delà des traitements physiologiques.
https://www.editions-lepommier.fr/defense-de-cracher