Le printemps des cathédrales

Jean Diwo, 2013

https://editions.flammarion.com/le-printemps-des-cathedrales/9782080682703

On n’y croit pas une minute… Les dialogues sont complètement artificiels, didactiques au pire sens du terme. On enchaine les scènes contemporaines en décor de carton pâte, avec des personnages en costume de foire. Ce n’est pas un roman, pas non plus un manuel d’histoire, et même des enfants qui auraient tout à découvrir mérite mieux que ça.

Les hommes lents – Résister à la modernité XVe – XXe siècle

Laurent Vidal, Flammarion, 2020.

Une approche par la socio-histoire, quand on pourrait imaginer une entrée plus psychologique, ou bien anthropologique sur le rapport aux rythmes de vie, aux rythmes sociaux, aux interactions dans le temps entre individus, entre individus et environnement matériel. Et puis, ce qui m’est cher, une approche par la clinique du travail. La lenteur ou la promptitude de l’action humaine se pose nécessairement de façon très différence pour celui qui est aux prises avec le rythme de croissance des plantes, le passage des jours et des saisons. La question de la vitesse est liée à l’artificialisation des techniques humaines, ne serait-ce que l’éclairage ou les techniques de mesure du temps. Je peux travailler à toute heure du jour et de la nuit, sans autre limitation de durée que le temps dont je dispose, que je choisis ou que je suis contraint d’y consacrer.

C’est tout particulièrement vrai pour les métiers du soin (du care), et l’auteur ne manque pas d’interroger le caractère genré de la question à la fin de son essai (belle question sémantique : quelle alternative au titre « les hommes lents » pour ne pas sembler en exclure les femmes ? « Les humains lents », « les personnes lentes » ?!?). Éduquer, guérir, accompagner dans la dépendance sont des activités qui ne rentent pas facilement dans les forceps du chronométrer. Savoir agir parfois dans l’urgence, ou bien compter sur les effets du temps qui passe sont des ressources majeures pour celles qui accompagnent autrui, de la maternité à l’hospice.

« Entre des cas aussi éloignés que Richard III, Don Quichotte ou les slow mens of London, une étrange similitude s’impose toutefois. Qu’ils soient hommes de pouvoir ou gens du peuple, tous sont des déplacés : l’un vit d’errance, d’autres ont fait l’expérience de la migration ; quant à Richard de Gloucester, c’est parce qu’il n’est pas à la place qu’il souhaite dans la ligne de succession du trône d’Angleterre qu’il entreprend ce combat. Tel est le message des œuvres de fiction : les hommes lents sont aussi des hommes déplacés, et au double sens (spatiale et sociale) du terme. » (pages 65/66)

https://editions.flammarion.com/les-hommes-lents/9782081427822

https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/04/02/laurent-vidal-henry-david-thoreau-la-chronique-poches-de-francois-angelier_6120281_3260.html

https://journals.openedition.org/nuevomundo/86387

https://journals.openedition.org/bresils/9549

Lettres à sa famille – Correspondances croisées 1908-1951

Ludwig Wittgenstein, Flammarion, 2021.

Les premières lettres (avant-guerre, ou jusqu’en 1920) donnent un aperçu de l’éducation si particulière, de ce milieu culturel de haut vol, exigeant, éprouvant au sens fort de l’épreuve renouvelée, à la fois très large, mais aussi singulier, donc étroit. Ludwig était peu prolixe, même dans sa correspondance. À la fois farouche et sociable, passionné et empêché. En recherche…

https://editions.flammarion.com/lettres-a-sa-famille/9782081513549

https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/03/26/lettres-a-sa-famille-de-ludwig-wittgenstein-la-chronique-essai-de-roger-pol-droit_6074524_3260.html

Je ne suis pas celle que je suis

Chahdortt Djavann – Flammarion, 2011

Les « séances » chez le psychanalyste fonctionnent bien, par leur itération, leur dynamique, leurs péripéties. Le face-à-face retient l’attention, par son déséquilibre : qui est le plus fort ? Qui bouscule l’autre ? Ce récit d’un transfert ne vaut-il pas un séminaire lacanien ? Qu’y aurait-il à ajouter ? Faire (vivre), et puis raconter pour élaborer.

Les scènes de vie en Iran (la bascule dans la dictature des mollahs, la vie quotidienne à l’épreuve de la police généralisée des mœurs) sont moins réussies, plus fades sur le plan littéraire. Pas facile d’être écrivaine, surtout quand il s’agit de sa propre vie.