Alexis Cukier, Vrin, 2018.
https://www.vrin.fr/livre/9782711628209/quest-ce-que-le-travail
Lectures en tout genre
Alexis Cukier, Vrin, 2018.
https://www.vrin.fr/livre/9782711628209/quest-ce-que-le-travail
Pierre Steiner, Vrin, 2017.
Oser penser (dire ?) que la question est d’emblée tordue ? Qu’il faudrait peut-être se demander d’abord ce que signifie la copule « être » ? Elle embarque sur des tentatives de définition nécessairement hasardeuse, au mieux tautologique : je pense, donc je pense. Le philosophe fait son métier : il ajoute un opus à une collection au projet éditorial simple, discuter d’un concept qui serait susceptible de définition, vous avez 100 pages. Alors, il les remplit. Un jeu de langage en soi. Pourquoi, alors qu’il n’est clairement pas classique, caustique même à l’égard de la tradition, n’opte-t-il pas pour une forme plus iconoclaste ? Il tente quelques affirmations de la vie ordinaire, manifestant des usages du mot « penser » qui donnent à méditer, mais pour enchainer sur de longues considérations systématiques, discours d’initiés plutôt que de vulgarisation. De la difficulté à transmettre à celles et ceux qui n’en sont pas encore au fait.
Une curiosité : son inclination à aller chercher chez Wittgenstein certes quelques aphorismes, mais aussi des exemples concrets du langage d’utilisation du langage significatif de son approche (à commencer par le canard lapin de la couverture).
Faut-il insister avec cet auteur ? Ce type de lecture ? Je sais que ça existe, que je peux y revenir le cas échéant, si besoin, le jour.
S’applique-t-il à lui-même ce qu’il dit de la connaissance, du langage, de la « conception adverbiale » de sa propre pensée ? Se pose-t-il des questions didactiques d’accès à ce qu’il a à dire à celles et ceux qu’il souhaite convaincre, éduquer, débattre ?
https://www.vrin.fr/livre/9782711627035/quest-ce-que-la-pensee
John L. Austin, Vrin, 1962/2007.
https://www.vrin.fr/livre/9782711617654/le-langage-de-la-perception
La pratique philosophique serait de toujours questionner l’emploi des mots : « que veux-tu dire par là ? » (Ou bien qu’est-ce que tu entends par là, qu’est-ce que tu dis en disant cela ?) Dieu, la liberté, le bien, le réel, directement, percevoir, je, moi, ipséité : mais encore ? Ça consiste en quoi ? « Ce que tu veux dire » : à la fois ce que tu veux signifier (de quoi tu parles) et ce que tu veux produire comme effet en le disant. Ramener au contexte, au particulier, pour ne pas être dupé par la fonction généralisatrice du langage catégorisante, ramenant ce qui est désigné dans l’instant au patrimoine de ce qui a existé, par l’intermédiaire des mots disponibles.
Une question un peu mystérieuse : à quoi bon s’échiner à décortiquer aussi précisément, minutieusement, une conception de la perception de la connaissance du monde que l’on réprouve (l’idée de sens data, défendu par un certain à Hyères) ? Idem pour Bouveresse : qu’est-ce qui me séduit, m’attire chez ces philosophes, leurs jeux de langage auquel je ne participe pas, leurs enjeux institutionnels qui ne sont pas les miens ? Qu’est-ce qui infuse parmi mes propres repères ? Qu’est ce que je cultive comme geste intellectuel ? Je ne suis pas capable d’écrire comme eux, même en faisant semblant. Ou peut-être faudrait-il essayer ? Non, tant il est long de maîtriser un certain usage du langage, de la parole, de l’écrit.
Il faudrait être capable de reprendre cette approche du langage dans le cas de Wittgenstein, au moins pour le Tractatus, pour ne pas s’en laisser compter. Faire le départ entre ce qui relève de la conversation savante en cours entre pairs (en l’occurrence les logiciens) et ce qui touche à un savoir universel, à ce qui est utile au quidam qui manie avec quelques ambitions quelques concepts, voire dans l’ordinaire d’une conversation sur le divin, la science, les croyances, le monde comme il va.
Les philosophes qui jargonnent, qui prétendent cultiver leur propre jardin conceptuel, vont à rebours des usages sociaux et donc éprouvés, sédimentées, patrimonialisés du langage. Bien sûr que chacun, toujours, se réapproprie chaque terme, le singularise, mais ne peut bien longtemps n’en faire qu’à sa tête est toujours plus ou moins soumis à l’usage collectif, doit bien à un moment ou à un autre revenir au sens et pratiques communes.
Franz Fischbach, Vrin, 2019.
https://www.vrin.fr/livre/9782711628889/apres-la-production
Je crains que les livres des éditions Vrin soient trop spécialisés pour moi… Après qqs pages prometteuses sur la distinction entre travail et production (avec l’exemple du passage de l’hydraulique à la vapeur dans le textile anglais au début du XIXe s.), et alors rapports entre humanité et nature, il bascule à une discussion savante de confrontations (effectives ou imaginées par lui) entre Marx d’une part, et, successivement, Harendt, Heidegger et l’école de Francfort (Adorno, Jonas). C’est très technique, avec des enjeux incertains pour moi.
Évolution de la conception du travail chez Marx, à approfondir peut-être : travail constructeur de la personne, ou aliénant ?Faut-il transformer le travail, ou l’abolir ?