Paul Fussel, Seuil, 1992.
Étiquette : Seuil
Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie
L’espace vide. Écrits sur le théâtre
Peter Brook, Seuil, 1977.
https://www.erudit.org/fr/revues/liaison/1980-v3-n9-liaison1162629/43572ac.pdf
La promesse de l’Est. Espérance nazie et génocide, 1939-1943
La Familia grande
La culture de l’inceste
Tout doit disparaitre – Lettres d’un monde qui s’efface
Annabelle Perrin, François de Monès, Seuil, 2023.
La disparition des croisières (Annabelle Perrin, François de Monès)
La disparition de la grève (Julien Brygo) : à propos d’un bâtiment démoli, symbole de l’autogestion des dockers de Dunkerque
La disparition des arbres à Lagos (Sophie Bouillon) : terrifiant portrait de la mégapole nigériane
La disparition du terrain de foot de Montcabrier (Emmanuel Riondé) : du fait du chantier de l’A69
La disparition des pépins (Iman Ahmed) : histoire de pastèques
La disparition de la honte (Laury Caplat) : le droit à l’avortement au-delà du juridique, dans sa réalité sociale et médicale
La disparition de la maladie du sommeil (Adrien Absolu) : des recherches scientifiques en terres coloniales
La disparition du cash (Anne-Dominique Correa) : dans de petites villes d’Angleterre privée de DAB (ATM)
La disparition d’un passeport (Mohamed Mbougar Sarr) : de longues heures dans la « zone d’attente pour personnes en instance » de l’aéroport de Mexico.
https://www.seuil.com/ouvrage/tout-doit-disparaitre-collectif/9782021525915
https://www.philomag.com/livres/tout-doit-disparaitre-lettres-dun-monde-qui-sefface
La société est en nous – Comment le monde social engendre des individus
Depuis toujours nous aimons les dimanches
Lydie Salvayre, Seuil, 2024.
https://www.seuil.com/ouvrage/depuis-toujours-nous-aimons-les-dimanches-lydie-salvayre/9782021554557
Si j’en ai l’occasion, je demanderais volontiers à Lydie Salvayre quand elle a écrit ce livre : le dimanche, ou un autre jour de la semaine ? Je serai aussi curieux de l’entendre sur les efforts qu’il lui a demandés. À la lecture de ce texte pétaradant, j’ai ressenti une joie communicative à raconter les plaisirs langoureux du temps libre, des loisirs, à régler leur compte à tous les tristes sires hérauts du travail contraint, rentable, performant. Les mots coulaient-ils de source sous sa plume, ou bien a-t-il fallu aller les chercher par le col, mille fois remettre l’ouvrage sur le métier ? En tout cas, c’est un formidable travail d’écriture ! De belles pages sur « la paresse comme un art subtil, discret et bienfaisant », de vives critiques sur le travail contemporain à la sauce managériale, de fortes envolées politiques pour montrer tout le bien que la promotion de la paresse ferait à la Terre comme à l’humanité, de roboratifs exposés bien troussés de quelques penseurs qui l’ont précédée dans cette noble cause : Sénèque, Pascal, Charles Fourier, Paul Lafargue bien sûr, et puis Nietzsche ou Guy Debord à la rescousse ! C’est consistant, sérieux, mais aussi pétillant de quelques « blagounettes » proposées malicieusement aux promoteurs du dur labeur.
La lecture est portée par le choix narratif de recourir à un « nous » un peu mystérieux : on se demande bien qui est cette bande de bons copains (un peu à la Jules Romains), qui se pose comme narrateur, explique recourir à la plume de leur amie « Salvayre » pour pimenter leurs textes. On aimerait intégrer l’équipe ! Peut-être un embryon de parti politique ? Par contre, on voit bien qui sont les narrataires, explicitement désignés : les « apologistes-du-travail-des-autres ». Là, je m’interroge quant à la pertinence de développer longuement une argumentation, si pertinente soit-elle, à leur attention. N’est-ce pas quelque peu peine perdue que d’espérer les convaincre de quoi que ce soit ? Ne vaut-il pas mieux prôner une superbe ignorance à leur égard, et alors toutes les formes possibles de dérobade à leurs prêchiprêchas et leurs manigances ?
L’ouvrage échappe aux catégorisations : ce n’est pas un récit, pas un essai, encore moins une thèse, il n’est pas assez sérieux pour être un pamphlet, trop ambitieux pour n’être qu’un petit livre de métro. Il donne de quoi moudre si l’on veut élaborer davantage sur ce qu’on appelle travail, contrainte, loisir, divertissement. L’autrice décrit longuement, avec gourmandise, les mille-et-une façons de vivre (et pas seulement d’occuper) les dimanches, de jouir du temps libre, avec cet horizon : en faire des temps pour penser. Je le prends comme une belle invitation : comment investir les autres jours de la semaine, et alors le travail, avec un tel esprit de liberté, de partage ?
Patrice Bride