Répondre du vivant

Roland Schaer, Le Pommier, 2013.

Penser l’humanité comme élément du vivant en général, retoquer l’opposition entre nature et culture, c’est-à-dire, historiquement, la conviction d’une rupture ontologique de part et d’autre de la révolution néolithique ou bien industrielle, en pensant plutôt celles-ci comme des manifestations de plus de la capacité du vivant, de sa caractéristique qui est de produire son milieu autant qu’il se produit lui-même. Le concept « habiter » doit aider à saisir la dialectique, le mouvement complexe entre « s’adapter au milieu » et « adapter son milieu » : à la fois construire un habitat, une ville, mais aussi l’inscrire dans un environnement, telle la cité grecque sur un territoire.

Chapitre 1

La responsabilité selon Hans Jonas : à saisir pas tant à l’échelle individuelle du sujet autonome qu’à l’échelle sociale du sujet engagé vis-à-vis d’autrui, selon ses moyens (« sa puissance »). Modèle du parent responsable de son enfant.

La conquête de l’autonomie kantienne suppose une séparation des affects, des contraintes naturelles, donc de la minorité, pour pratiquer l’exercice de sa raison, accéder ainsi à la majorité (être majeur).

Page 43. L’autonomie du sujet isolé, souverain de lui-même, est bien une idée masculine, là où la femme majeure est celle qui est capable d’accueillir et de produire la vie, d’enfanter.

Page 46. Carole Gilligan, souci du lien.

Chapitre 2. Variations sur la responsabilité

Des variations qui tournent un peu en rond, qui se contentent un peu trop de la moyenne mesure, de l’équilibre des tensions, à force de « en même temps ».

Seconde partie. Du vivant

Sa problématique : comprendre les mutations techniques comme « des prothèses biogénétiques ou des extensions métaboliques », transformant Sapiens en espèce sociotechnique et obligeant à « savoir rendre le monde habitable » (page 110)

Chapitre 1. Habiter/sortir

La vie comme mode d’habitat : une occupation du milieu, le transformant par anabolisme et catabolisme.

Le corps comme « première demeure » : être à l’abri pour mieux échanger (page 121)

Vernadsky : Le milieu terrestre comme produit du vivant, et pas seulement un contexte auquel le vivant s’adapte. Même l’écorce terrestre est « sculptée » par le vivant (calcaire, pétrole, etc.).

« L’adaptation » est tout autant celle de l’organisme à son milieu que celui du milieu à l’organisme. L’action technique humaine est dans la continuité de cette dynamique du vivant. La transformation du milieu relève aussi de la mémoire externe de l’action du vivant, comme les gènes en sont la mémoire interne. (page 128)

Écopoïèse : régulation du milieu extérieur comme extension de l’homéostasie au-delà des limites physiologiques de la cellule ou du corps.

Définition de la technique : « procédé créateur d’homéostasie passant par des modifications du milieu plutôt que de l’organisme ». Exemple de l’allaitement, prolongement du développement embryonnaire interne (idem pour le nid, la ruche). (page 131)

La prédation comme la symbiose sont de modalités de dépendance à l’environnement. (Page 143)

cf. raccourci un peu sidérant du développement physiologique et du développement social (page 145)

Chapitre 2. Mutations

Les « propriétés émergentes » des espèces sociales : les fourmis pratiquent-elles l’élevage et l’agriculture ? Elles aménagent du moins « « un habitat » (page 161)

La domestication comme mécanisme de symbiose : suspendre la prédation pour aider plutôt à la procréation et au développement.

Les outils comme extension du corps (Simondon). Le feu comme création d’homéothermie à l’extérieur du corps.

Chapitre 3. Habiter le monde

Canguilhem pour « une compréhension systématique des inventions techniques comme un comportement du vivant ».

Il termine par de longues considérations sur son champ de prédilection : l’éthique, Darwin et l’eugénisme. Ce n’est pas à la hauteur de tout le reste, jusqu’à la chute finale : « l’art de l’écopoïèse reste à inventer ».

https://www.editions-lepommier.fr/repondre-du-vivant-0

https://www.cairn.info/le-moment-du-vivant–9782130592631-page-323.htm

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/matieres-a-penser/ou-habitons-nous-2370863

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